Portraits au fil de l'eau...


Hervé Piegay, co-coordinateur du projet H2O'Lyon



►Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?

Je m’appelle Hervé Piégay, je suis directeur de recherche au CNRS et géographe de formation. Je travaille en géomorphologie fluviale depuis un peu plus de 25 ans. Je m’intéresse principalement aux facteurs qui contrôlent les changements fluviaux à l’échelle contemporaine. La démarche est assez intégrative ; elle me conduit à intégrer différents champs scientifiques. Elle repose sur une approche géohistorique, une description fine des changements à partir de documents d’archives, de données topographiques et d’images aériennes et satellitales. Pour comprendre le rôle respectif des facteurs, il est important de comprendre les processus fluviaux, l’hydrologie, le transport solide mais aussi la dynamique végétale qui évolue en étroite interaction avec le chenal. Cette compréhension passe par de la métrologie de terrain et parfois de l’expérimentation. Elle impose également de s’interroger sur les interactions entre l’homme et son environnement et d’explorer le champ théorique.


► Quel est votre domaine d’expertise et qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre la coordination du projet H2O’Lyon ?

Depuis ma thèse, mon activité de recherche s’inscrit généralement dans un cadre interdisciplinaire, en lien avec des écologues, des ingénieurs en hydraulique, des spécialistes en sciences sociales, et de plus en plus, avec des chimistes et des géochimistes au sein de l’observatoire des sédiments du Rhône. Ma recherche se situe également à l’interface entre les sciences fondamentales et les sciences plus appliquées, m’intéressant de manière critique aux enjeux d’aménagement, d’entretien, de conservation ou encore de restauration de cours d’eau. Ma démarche est ainsi éminemment transdisciplinaire et mon implication dans l’EUR est une suite logique à mon parcours et ma pratique de la recherche. J’aime aussi bien produire des connaissances, innover, qu’essayer de retraduire cette recherche de manière opérationnelle, et progressivement intégrer les doctorants qui travaillent avec moi dans le monde professionnel en les confrontant à des questions opérationnelles.

► Qu’appelle-t-on « communauté H2O’Lyon » et qui en fait partie ?

La communauté H2O’Lyon telle que nous la concevons se situe à l’interface du monde scientifique et du monde opérationnel. Elle accueille ainsi les chercheurs qui travaillent dans les sciences de l’eau mais également des acteurs de l’eau. Ils ont en commun de se questionner pour améliorer les pratiques de gestion et les politiques publiques dans le domaine, d’identifier les connaissances nouvelles à acquérir et de les traduire concrètement en action pour répondre aux enjeux opérationnels. Cette communauté est de plus transgénérationnelle et éducative. Elle peut accueillir au sein des laboratoires des étudiants en licence et en master, des doctorants et post-doctorants, mais aussi des scientifiques confirmés ou des praticiens. Cette communauté est ainsi ouverte à l’international tant au niveau scientifique que pratique, à l’image de la conférence I.S. Rivers que nous organisons tous les trois ans. En parallèle, nous développons des partenariats avec des collègues à l’étranger qui partagent notre démarche transdisciplinaire et envisagent des sciences de l’eau inscrites dans leur contexte sociétal.

► Comment la communauté est-elle impliquée dans les actions de l’EUR ?

La communauté H2O’Lyon partage une philosophie de questionnement et d’action. La production de connaissances s’inscrit dans différentes formes de partenariats et de ressources : bourses CIFRE, bourses EUR, stages de master, contrat de partenariat, groupe de travail et de réflexion, plate-forme de partage de données, mise à disposition d’outils opérationnels, etc. La communauté H2O’Lyon propose également de la formation initiale et tout au long de la vie, destinée à des étudiants et des professionnels. Pour cela des collègues praticiens sont impliqués dans des démarches de VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), d’autres sont impliqués dans la formation continue. Produire les connaissances, c’est également formuler les questions. Aussi, des séances de brainstorming, des séminaires, écoles d’été, et formations innovantes sont co-organisées pour permettre, de manière constructive, d’identifier ces fameuses questions et les stratégies pour y répondre. L’accueil de chercheurs étrangers et des collègues de l’EUR dans nos universités respectives participe au partage des savoirs et maintient le niveau de connaissances de la communauté au plus haut niveau international.