Portraits au fil de l'eau...


Christophe Douady, co-coordinateur du projet H2O'Lyon







►Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?

Je m’appelle Christophe Douady, je suis professeur à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et phylogénéticien de formation. Mon travail consiste à décrire la biodiversité et notamment les relations de parenté qui existent entre toutes les espèces biologiques. Aujourd’hui je suis directeur du Laboratoire d’Ecologie des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés dont l’objectif principal est de comprendre le fonctionnement, le rôle et l’évolution de la biodiversité et des hydrosystèmes. Mon parcours est largement lié à une forte mobilité durant ma formation initiale (Universités de Tours, de La Rochelle, Muséum National d’Histoire Naturelle, Université de Montpellier, Queen’s University Belfast, University of California Riverside, GSK Pennsylvania, Dalhousie University…) qui m’a convaincu de l’importance des échanges internationaux en formation et en recherche.


► Qu'est-ce qu'une école universitaire de recherche et qu'est ce qui vous a motivé à monter le projet H2O'Lyon ?

L’appel à projets de création d’école universitaire de recherche déclarait vouloir créer des graduate schools à la française dont l’objectif serait de renforcer le lien entre formation et recherche, de valoriser les points forts thématiques des établissements et concourir au rayonnement international et à l’attractivité du pays. Parce que le lien entre formation et recherche est au cœur de ma mission d’enseignant-chercheur, parce que la communauté lyonnaise de recherche en sciences de l’eau et des bassins versants est une communauté internationalement reconnue pour ses approches pluridisciplinaires depuis près de 40 ans, et parce que mon parcours ainsi que celui de mes collègues démontrent tous les jours la plus-value de la « pluriculturalité ». Fort du soutien de mes collègues et de mon établissement je me suis donc finalement assez logiquement lancé dans cette aventure.

► Selon vous, qu'apporte la co-coordination au projet ?

Dans un tout autre contexte, Mikhaïl Gorbatchev déclara : “Il faut des négociations et un travail collectif pour trouver l'équilibre réaliste des intérêts sur lequel seulement peut se fonder une paix solide” (conférence de Madrid de 1991). Je suis intimement convaincu que le travail collectif, la confrontation de la diversité des points de vue, des statuts, des missions et des genres, est indispensable à l’équilibre d’une gouvernance. Au sein d’H2O’Lyon l’équilibre dans la gouvernance et la collégialité bienveillante ne riment pas avec consensus mais visent à développer une coopération radicale. La coopération est la richesse du système universitaire français, elle est sans nul doute un des facteurs causaux de sa créativité. Et c’est précisément cette créativité que nous entendons mettre au service des défis environnementaux que nous ne pouvons plus ignorer.

► Comment s'articule l'aspect international, transdisciplinaire et de co-construction avec les praticiens dans les actions H2O'Lyon et dans l'offre de formations pour les étudiants ?

Au cours de ces 40 dernières années nous avons appris à développer des recherches interdisciplinaires dans le cadre de programmes co-construits avec des praticiens et appris à valoriser ces travaux dans les meilleurs vecteurs internationaux. La plus-value, mais aussi le plus grand défi, de l’EUR H2O’Lyon est donc de réussir cette hybridation dans la formation des futurs professionnels, académiques ou non, du secteur. Si de fait un savoir-faire empirique existe dans notre communauté pour croiser internationalisation, interdisciplinarité et co-construction nous devons maintenant le théoriser et l’enseigner pour que les nouvelles générations ne reproduisent pas le trajet (et les erreurs) de leurs prédécesseurs mais qu’au contraire elles puissent s’asseoir sur leurs épaules...