Silvia Flaminio

"(...) Silvia Flaminio a réalisé des avancées scientifiques significatives. Son approche quantitative de l'évolution des discours et des représentations sur les barrages lui a permis de caler chronologiqument des changements de représentations de l'environnement. Le choix du "Monde" pour appréhender cette évolution s'est révélé judicieux. Les barrages ont en effet une empreinte médiatique qui permet de rendre compte de différents regards sur le processus d'articicialisation de l'environnement et de sa perception par les individus et les sociétés. Le regard porté par les journalistes sur les barrages hors du territoire national est aussi très intéressant et montre que le sujet dépasse largement la question des interactions sociétés-environnement et touche à des enjeux culturels et géopolitiques. La période de 1945 à nos jours a permis également de bien identifier les atouts et les limites d'un tel média pour explorer ces interactions. L'analyse de cette évolution des discours alimente pleinement la réflexion sur le cycle hydrosocial et le "waterscape" et la focale centrée sur les périodes clés marquées par des conflits et des controverses entre les acteurs constitue une statégie méthodologique judicieuse pour étudier la pluralité des discours, avoir un regard critique sur la complexité du jeu d'acteurs et analyser le changement au moment où il s'exprime pleinement. Les discours évoluent progressivement mais cette progression est également marquée par des moments clés dont les controverses rendent parfaitement compte. Cette analyse trajectorielle des discours alimente pleinement la réflexion sur les systèmes socio-environnementaux et complète magistralement les analyses biophysiques conduites sur cette période, ouvrant la voie à une meilleure compréhension des co-évolutions société-environnement (...)"
Hervé Piégay, CNRS, ENS Lyon

THESE

(Se) représenter les barrages : (a)ménagement, concessions et controverses.

Résumé

Cette thèse a pour objectif d’étudier les représentations et les récits liés aux aménagements controversés que peuvent être les barrages hydrauliques. Si la fonction symbolique des barrages a souvent été soulignée par la littérature scientifique, peu de travaux sont réellement consacrés à leurs représentations et à leurs trajectoires spatiales et temporelles. En s’inspirant d’études issues de la géographie sociale et culturelle sur les représentations et de la political ecology sur les discours, la thèse confronte différentes sources (presse, entretiens et archives), terrains (France et Australie) et approches méthodologiques (quantitatives et qualitatives) pour retracer l’évolution discursive des infrastructures hydrauliques. Les points de vue de différents acteurs sont aussi considérés: les habitants, les ingénieurs et les institutions hydrauliques, les opposants aux barrages, les administrations en charge de la protection de la nature ou encore les scientifiques qui produisent des connaissances sur l’environnement. D’un point de vue méthodologique, la thèse révèle les biais de certains matériaux et souligne l’intérêt de poursuivre leur croisement. Les résultats montrent l’évolution de waterscapes, d’espaces et de cycles hydrosociaux, par exemple les concessions progressives faites aux environnementalistes aux dépens des hydrocraties ; ils mettent aussi en avant, plus généralement, la production et la circulation de discours, notamment à l’occasion de conflits et de controverses, qui conduisent au délitement du discours prométhéen sur la nature et à la diffusion de représentations concurrentes de l’environnement.

Mots clés

géographie sociale et culturelle, political ecology, discours, représentation, controverse, conflit, barrage, cycle hydrosocial.

Directeur de thèse H₂O'Lyon

Hervé Piégay, CNRS, ENS Lyon

Co-directeur de thèse

Yves-François Le Lay, ENS Lyon

Ecole doctorale

ED 483 - Sciences Sociales

Unité d'accueil

Biogéophile UMR 5600 EVS

Date de soutenance

30 novembre 2018

Langue de soutenance

Français

Membres du jury de thèse

Sylvie Clarimont, Professeure à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, rapportrice
Marie-Anne Germaine, Maître de conférences à l'Université de Paris Nanterre, examinatrice
Lydie Goeldner-Gianella, Professeure à l'Université Paris 1, rapportrice et présidente du jury
Jamie Linton, Maître de conférences à l'Université de Limoges, examinateur
Yves-François Le Lay, Maître de conférences à l'ENS Lyon, co-encadrant
Hervé Piégay, Directeur de recherches au CNRS, Directeur de thèse.