Séminaire bois flottant

"Plusieurs travaux de master et de doctorat y ont été développés. Le barrage de Génissiat (à proximité du village d'Injoux-Génissiat, ~ 50 km en aval de Genève) nous offre un site unique pour étudier les différents processus liés au bois flotté dans les cours d'eau. Tout le bois arrivant au réservoir doit en effet être extrait par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). Ce matériel inédit nous permet d’analyser la quantité de bois, ses sources potentielles et le rôle des crues. En analysant les bois flottants extraits du réservoir, nous pouvons déterminer la composition des espèces et d'autres caractéristiques du bois (la décomposition par ex.), ce qui nous donne des informations sur les interactions entre le chenal et la forêt riveraine et la dynamique du bois dans le cours d'eau, et permet de déterminer l'origine géographique du bois, en identifiant l'affluent qui contribue à l'approvisionnement en bois lors des différentes événements contributifs; et nous pouvons analyser en outre le lien entre l'ampleur et la fréquence des crues et la quantité de bois qui arrive au réservoir. Les connaissances produites peuvent potentiellement éclairer la gestion des risques fluviaux et des inondations.

Plus récemment, nous avons également exploré un nouvel aspect relatif à la valorisation du bois extrait du réservoir en produits à haute valeur ajoutée. La voie de valorisation qui vient immédiatement à l’esprit pour le bois flottant est sa combustion en vue de produire de la chaleur et de l’électricité. Toutefois, d’autres filières pourraient être imaginées, celles-ci menant à des produits à plus haute valeur ajoutée, tels que le biochar, un matériau riche en carbone et poreux, obtenu par conversion thermique du bois, typiquement par pyrolyse ou carbonisation hydrothermale. Les propriétés du biochar peuvent être optimisées en fonction de l’utilisation finale visée, par exemple en agriculture pour l’amélioration des sols, en dépollution de l’eau ou des gaz, ou en stockage de l’énergie en tant qu’électrode dans une batterie. Nous avons récemment exploré plus particulièrement cette dernière option, et fait fonctionner avec succès des batteries sodium-ion ayant des anodes constituées de bois flottant converti thermiquement. Les résultats ont montré d’excellentes performances électrochimiques, ce qui rend ces anodes compétitives avec les matériaux commerciaux, d’autant que ces derniers présentent l’inconvénient d’être d’origine fossile et très coûteux. De plus, les estimations de bois flottant disponible invitent à penser qu’il serait possible d’approvisionner des unités industrielles de production de batteries à partir de ce matériau biosourcé.

Ces travaux ont été publiés dans des articles scientifiques et présentés lors de plusieurs conférences internationales. Désormais, nous souhaitons diffuser nos résultats aux praticiens du bassin, afin d'identifier les grands enjeux en suspens, potentiellement les besoins de connaissance pour eux et définir nos prochains objectifs. Nous souhaitons montrer les informations que nous pouvons extraire des bois flottés et comment les utiliser pour éclairer la gestion des rivières."